Quelles sont les superstitions antillaises ?
Les Antillais se protègent par des superstitions. Les superstitions antillaises ne sont pas leur apanage, évidemment, on la trouve chez d’autres peuples.
Aux Antilles, cependant, on attribue une valeur spirituelle à beaucoup de gestes.
Un exemple serait le bain démarré. Afin que la nouvelle année chasse toutes les déveines, rien ne vaut ce bain traditionnel.
Le rituel commence à minuit le soir du 31 décembre par une baignade à l’embouchure d’une rivière ou dans la mer, et se poursuit par un bain de feuillages bouillis auparavant.
Et parce que les Antillais ont la conviction que la santé et la mortalité ne sont pas seulement influencées par des facteurs naturels mais aussi par des facteurs spirituels, ils consultent en parallèle le séancier et le médecin de famille.
Autrefois, (mais de façon moins courante, aujourd’hui) des histoires terrifiantes étaient contées aux enfants dès leur plus jeune âge, et ils étaient habités très tôt par la peur des esprits.
Du berceau donc, à la tombe, les Antillais côtoient ce monde invisible, qui inspire en eux une peur irraisonnée.
Ils y rencontrent :
• les zombis, surtout en milieu rural. Il n’est pas rare encore, aujourd’hui, d’entendre des parents dire à leurs enfants terrifiés « Zombi la ké chayé’w » (Le zombi va t’emporter). Il faut dire que, de tous les esprits, le zombi est le plus connu et craint. Il emprunte la forme d’un homme très grand (remplacé parfois par un arbre) sans tête ni bras, qui est condamné à errer sans fin sur terre. Dans les maisons, il y a souvent un petit coin de terre avec du sable pour décourager les zombis, censés compter tous les grains avant de franchir le seuil.
Superstitions, croyances et légendes antillaises les plus connues:
• les esprits méchants qui circulent et s’activent la nuit surtout.
• le soucougnan (femme qui se transforme la nuit et qui vole dans les airs pour accomplir ses méfaits.
• le dorlis, ou « l’homme au bâton » qui visite les femmes endormies la nuit et abuse d’elles.
• le morphoisé, personnage qui se transforme en animal.
• les diablesses, qui, dans l’imagerie populaire, sont des femmes très belles qui guettent les hommes la nuit afin de les séduire pour leur plus grand malheur.
Les Antillais redoutent encore :
• les morts, omniprésents dans les pensées, qui ont une influence sur la vie quand ils sont invoqués.
• les maisons hantées. Du cas célèbre de la maison de Zévallos au Moule (1) à la simple case qui brûle de façon inexpliquée, la légende de la maison hantée est encore bien vivace. Les lieux qui furent l’objet de tueries ou d’affrontements sont souvent considérés comme hantés.
Comment se protéger et trouver les bons remèdes ?
Impuissants devant ces forces surnaturelles, les Antillais remettent leur sort au séancier (gadèdzafè ou quimboiseur), qui tient en main la destinée des humains.
Il pratique des prières et des incantations pour chasser des démons. Il est capable de jeter un sort pour obtenir la vengeance, ou d’évincer de la « scène de la vie » celui ou celle qu’on jalouse.
Le quimboiseur enlève le mauvais sort jeté par une tierce personne. Il distribue des protections telles que le talisman (objet ou image préparé rituellement dans le but de conférer un pouvoir magique).
Il bénit la voiture en vue d’éviter les accidents, car même l’incident le plus banal reçoit une interprétation magique (la voiture n’aurait pas été protégée…).
À ce titre, par exemple, on remarque souvent un chapelet enroulé autour du rétroviseur intérieur de la voiture.
Le séancier prescrit aussi des philtres ou pobans, c’est-à-dire des breuvages magiques qui servent à envoûter ou à désenvoûter, à guérir de n’importe quelle maladie.
Ces pobans portent des noms enchanteurs, tels que foin coupé, eau de désenvoûtement, eau de victoire, eau homme fort, eau jambé barrière, eau de Saint-Michel, eau main puissante, eau pas kité moin, chaine des esprits supérieurs, maîtresse des hommes, venez-à-moi, amour sans fin, baume commandeur.
On les rencontre sur tous les marchés où ils sont fabriqués « sur mesure » par le quimboiseur.
Lutter contre les superstitions avec Le chapelet et les prières :
Parmi les pratiques populaires aux Antilles, notons encore l’omniprésence aux Antilles des chapelets.
Chez les personnes d’un certain âge, il n’est pas concevable de se déplacer (à l’église, en voyage, dans les rues, etc.) sans être en possession de son chapelet.
En disant « an ké pran chaplé an mwen si tèt aw » (je prendrai mon chapelet sur ta tête) certaines personnes détournent le caractère bienfaiteur du chapelet à des fins de nuisance.
Les neuvaines, aussi (une succession de prières pour obtenir une grâce : amour, argent, santé, examen, ménage, etc.) sont une pratique encore assez courante.
Pendant neuf jours, les prières sont récitées à genoux en présence d’une bougie allumée et à une heure fixe chaque jour, à l’intérieur comme à l’extérieur des maisons.
On peut considérer le recueil des 44 prières comme un livre « culte » aux Antilles.
Ce recueil contient des prières concernant quasiment tous les domaines de la vie, allant de la santé au mariage en passant par les problèmes liés à l’argent, à l’amour ou au travail.
Voici quelques intitulés précis :
- • prière à David pour obtenir la protection de Dieu contre ses persécuteurs et ses ennemis. Psaume 35.
- • prière pour la délivrance de tous procès et de toute affaire de justice, ainsi que pour connaître les criminels et leurs complices ;
- • prière au Père éternel pour obtenir la grâce du mariage; pour obtenir la guérison; pour retrouver une personne ou un objet perdu.
Chaque famille catholique a sa petite « recette personnelle » pour s’adresser aux saints, pour chasser les mauvais sorts ou pour réussir son quotidien.
Mais la consultation du quimboiseur est de rigueur si ces recettes familiales n’obtiennent pas le succès escompté.
De même, la Bible n’est pas essentiellement un livre de doctrine ou de piété personnelle.
Elle sert plutôt comme objet de superstition, car avoir une Bible chez soi assure la tranquillité, et on récite les Psaumes pour se protéger ou se venger.
Remarquons enfin que la célébration de la fête de la Toussaint aux Antilles, nullement consacrée à la tristesse, est l’une des coutumes empreintes d’une grande théâtralité, tant par son thème tragique que par sa mise en espace.
D’autres superstitions antillaises de mauvais augure:
- Mettre un linge qui vient d’être repassé sur soi est un présage de mort subite.
- Mettre des chaussettes qui viennent d’être repassées donne la maladie du gros pied.
- Manger une banane en repassant est présage de grave maladie respiratoire.
- Mettre les couverts en croix est signe de malheur sur la maison.
- Marcher sur des légumes secs (lentilles, haricots, riz) est signe de faillite, pour un commerce.
- Renverser de l’encre est signe de malheur durable.
- La main droite vous démange, une ancienne dette refait surface.
- Perdre un bas, est signe d’infidélité de son mari.
- Une grosse mouche dans votre maison annonce une visite inattendue.
- Mettre un vêtement à l’envers involontairement est l’annonce d’un cadeau ou d’une récompense.
- Se tacher d’huile apporte le mauvais oeil, pour conjurer le sort, il faut la recouvrir de sel immédiatement.
- Une bougie qui refuse de rester allumée est signe d’envoûtement.
- Avoir les oreilles qui bourdonnent est un présage de médisances verbales.
- Se cogner le pied gauche est signe d’échec dans les démarches entreprises.
- Une femme enceinte ne doit pas couper d’arbre portant des fruits.
- Croiser un ennemi le matin est également le signe d’une mauvaise journée qui s’annonce.
- Un chien hurlant est signe de mort proche dans les environs.
- Idem si vous croisez, sur votre route un papillon noir ou une rangée de fourmis ou bien si un coq chante la nuit.
- Donner à l’enfant qui naît le prénom du saint patron du jour de sa naissance lui apporte protection.
- Ne pas porter de vêtement bleu ou noir le jour de la nouvelle année sinon on abusera de vous et vous porterez le deuil avant la fin de celle-ci.
- Ne pas nettoyer la maison le premier jour de l’an, sinon, le malheur s’abattra sur celle-ci toute l’année.
Pour remédier à tous ces mauvaises augures, l’usage de l’eau bénie est le remède le plus sur, il est toujours bon d’en posséder un peu chez soi, au cas ou.