Quel est le symbolisme du pont ?
Le pont est un symbole d’union et de pouvoir. Il est très significatif que l’euro ait adopté le pont comme symbole commun à ses monnaies en tant qu’instrument d’union, de commerce et de progrès.
Cette symbologie est très ancienne. Le titre que les empereurs romains ont reçu – et dont les papes ont hérité – est celui de Pontife Maximus où « Pontifice » signifie littéralement « bâtisseur de ponts ».
C’est la maîtrise de l’architecture et des techniques associées qui donne la puissance terrestre.
Au delà du pont…Une connexion avec la mort:
En parallèle, les ponts étaient le prolongement des portes de la ville, ces routes qui épargnaient des passages impossibles comme les rivières ou les ravins et permettaient d’atteindre l’autre rive.
Cette signification de « au-delà » du pont vous fait vous connecter avec l’idée de la mort.
Tout comme le passage de la vie à la mort s’effectue par l’eau (rivière ou lagune) au moyen d’un bateau, le pont symbolise le chemin vers l’au-delà.
Et puisque les portes servent à sortir, elles servent aussi à entrer, il fallait donc que des gardes soient disponibles pour empêcher les visiteurs indésirables d’entrer.
Les gardiens du pont et leur symbolisme :
Pour garder les vivants, les gardiens humains servent, mais pour empêcher le passage des esprits de l’au-delà, il est nécessaire de placer des gardiens du monde spirituel.
Depuis des temps immémoriaux, des gardiens de pierre veillent au passage des ponts.
La tradition des gardiens ailés est très ancienne, les Babyloniens utilisaient des lions, des taureaux ou des génies ailés.
Les Egyptiens utilisaient des sphinx et les anges israélites.
La tradition des grands lions de bronze gardant les portes (comme celles des Cortes à Madrid) vient de l’Antiquité et a toujours été utilisée comme défense de l’entrée d’une ville ou d’une enceinte.
La République de Venise, à travers le symbole de l’évangéliste Saint Marc, a utilisé un lion ailé comme protecteur de « La Sérénissime ».
Les Chinois utilisent également les mêmes symboles sur toute « porte » susceptible de recevoir des visiteurs indésirables.
Les ponts et leurs métaphores :
Se référant à la brièveté de la vie et à la fugacité des choses du monde, il existe un ancien proverbe bouddhiste qui dit :
« Voyez que la vie est un grand pont. Ne construisez pas votre maison dessus. Il suffit de le traverser. «
La métaphore ici est claire – la vie serait le lien entre cette vie matérielle, concrète et l’autre, spirituelle, d’un autre monde qui n’est pas celui dans lequel nous vivons.
Que l’on croie ou non à l’au-delà, l’image est belle et nous dit d’accepter que tout est extrêmement fragile, même si l’on veut retenir l’instant présent d’une vie agréable, plaisante et belle.
D’un autre côté, si nous traversons une mauvaise passe, il est réconfortant de savoir que cela aussi finira.
La symbolique du pont – comme quelque chose qui nous emmène « de l’autre côté », qui nous permet « d’atteindre la rive opposée » – est assez forte dans la mythologie des différents peuples.
Prenons un échantillon : dans leur « Dictionnaire des symboles », les auteurs Jean Chevalier et Alain Gheerbrant précisent que
« le pont Chinvat, le diviseur, de tradition iranienne, est un passage difficile, large pour les justes, étroit comme une lame de rasoir .. pour les méchants ».
Ainsi, disent les auteurs, « il y a donc deux éléments : la symbolique du passage et le caractère souvent dangereux de cette traversée » pour quiconque n’est pas correct et digne.
Toujours selon le même dictionnaire, un conte raconte que les Gallois envahissent l’Irlande pour venger le malheur de Branwen aux mains de son mari Matholwch, roi d’Irlande, mais sont arrêtés par le Shannon, un fleuve magique sur lequel il n’y a pas de pont et qu’aucun navire ne peut traverser.
Le roi Bran se couche alors le long du fleuve, d’une rive à l’autre, et les armées passent sur son corps. Le conte gallois voit dans cet épisode mythique l’origine de l’aphorisme : « Celui qui entend être un chef doit devenir un pont ».
De fil en aiguille, nous arrivons au terme latin « pontifex », constructeur de ponts. Le titre était autrefois donné aux empereurs romains; aujourd’hui, c’est le Pape qui l’arrête – dans ce cas, il serait « le bâtisseur et le pont lui-même », le médiateur entre les hommes et le Créateur. Tant qu’il est à la tête de l’Église catholique, le Pape exerce son « pontificat », il est un « pontificant » ou un « pontife ».
Dans la belle mythologie nordique, en revanche, l’arc-en-ciel est le « pont » entre la Terre et Asgard, la demeure des dieux (« Aces ») Thor, Odin, Balder, etc.
Comme vous pouvez le voir, le pont acquiert différents aspects au fur et à mesure que nous nous plongeons dans les différentes cultures des différents peuples de la planète, mais en gardant toujours le sens de « connexion », « union entre des parties opposées ».
Il existe également plusieurs proverbes qui utilisent cette symbologie. Comme une invitation à l’aventure et pour éviter l’enlisement, les chinois disent : « Au moins une fois dans ta vie, prends un risque sur un pont dangereux ».
Les Indiens, quant à eux, recommandent la sagesse et la prudence, visant les temps difficiles à venir, avec le proverbe suivant :
« N’oubliez pas de construire le pont avant de devoir passer de l’autre côté ».
Un autre beau proverbe, celui-ci d’ordre spirite, indique :
« Celui qui ne pardonne pas détruit le pont sur lequel il doit lui-même passer ».
Très courante parmi nous, pour parler du passage du temps, est l’expression « Beaucoup d’eau est déjà passée sous ce pont », c’est-à-dire qu’il s’est déjà passé beaucoup de choses, de nombreux faits se sont déjà produits.