Les superstitions populaires chez les marins:
Pincer un marin porte chance. La vie d’un marin était tellement aléatoire, que durant des siècles, même ceux qui revenaient au port sains et saufs étaient soupçonnés de n’être plus du monde des vivants. Pour s’assurer donc que le marin était réel et non pas un fantôme, il fallait le pincer.
De nos jours, on touche leur pompon rouge, et chez les anglais, on touche leur col.
Le tatouage est une protection puissante que portaient à l’origine les mauvais garçons ou les marins.
Les marins se bardaient de tatouages, surtout sur les parties faibles telles que le coeur, et sur le bras, signe de puissance.
En Angleterre, les marins se faisaient tatouer un crucifix sur le dos afin de décourager le contremaître de les frapper trop forts lors de châtiments corporels.
Une vieille superstition dit que siffler est totalement interdit à bord d’un bateau car cela fait lever des vents incontrôlables et attire le diable.
En revanche, le marin peut siffler à terre.
La seule personne qui était tolérée de siffler à bord d’un bateau était le cuistot, car tant qu’il sifflait, il ne pouvait pas manger les provisions du bord.
Signes chanceux et mauvais présages de marins:
Le mois de Décembre – Il n’est pas recommandé de prendre la mer le 28 décembre, fête des Saints-Innocents. Le 31 décembre, jour de la Saint-Sylvestre, n’est pas propice non plus, les cloches sonnent aux églises des villes englouties et les noyés processionnent à la surface de la mer.
Le Mardi et le Vendredi sont des jours détestés par les pêcheurs. Les risques d’intempéries et de naufrages sont grands. De nombreux capitaines préfèrent retarder un départ et partir le dimanche.
Il est de mauvais présage de commencer un voyage le 2 février, jour de la Chandeleur.
Les chants pour éloigner les sirènes. Les marins du Cap-Hornier chantaient à pleine voix au labeur, craignant d’entendre un chant autant redouté que délicieux : celui des sirènes qui cherchaient à les attirer dans les entrailles de l’océan.
Souhaiter bonne chance est un mauvais présage. Il ne faut jamais souhaiter bonne chance à un marin en train de s’embarquer, cela attirerait la déveine durant toute la traversée.
Les anciennes croyances de marins:
Tout bateau d’époque a sous son grand-mât une pièce d’or, ce qui a pour but d’éloigner la malchance et les encombres.
Il était courant de jeter une pièce d’argent avant tout grand voyage afin de s’attirer les grâces de l’océan. Cette pratique était aussi utilisée en cas de calme plat, ce qui permettait de faire revenir le vent.
Montrer du doigt un bateau qui quitte le port, c’est le condamner à un naufrage certain.
On ne jure pas à bord d’un navire, cela porte malheur aux pêcheurs, car, le poisson fuit. Par contre cracher est une protection magique contre le mauvais sort. es pêcheurs crachaient sur leurs filets pour assurer une bonne pêche.
Il y a fort longtemps, il ne fallait pas secourir les personnes en danger de noyade ou sortir un noyé de l’eau pour l’enterrer. En effet, les esprits de la mer réclamaient leur dû.
Le marin ne doit pas se couper les cheveux à bord d’un navire car cela ferait lever des tempêtes. En revanche, le marin qui se coupe les cheveux pendant une intempérie pourrait avoir une très bonne surprise en revenant à son foyer.
N’appelez jamais un marin au moment de son départ, ne jamais l’interrompre sinon un grand malheur abattra sur lui en mer. Courrez plutôt à sa rencontre pour lui parler ou lui donner un objet en face à face.
Objets porte bonheur ou chargés de malheur:
Le bol retourné. Les anglais qui ont leur bol de petit déjeuner retourné y voient le présage de leur quille de bateau en l’air. Certains tire-au-flanc ont retournés leur bol discrètement pour prétendre qu’il allaient porter malheur au navire afin de s’épargner un long voyage.
Les superstitions des bottes. Si un marin demande à ce qu’on lui ramène ses bottes et que la personne qui les lui apporte les transporte sur l’épaule, le marin ne partira pas en mer.
Le bouchon et la pêche miraculeuse. Pour faire une bonne pêche, le marin fait une entaille sur un bouchon de son filet et y glisse une pièce de monnaie.
Les boucles d’oreilles sont sujettes à de nombreux symboles.
Depuis l’antiquité, porter un anneau d’or à l’oreille préserve de la noyade et des naufrages.
Le marin doit obligatoirement se percer l’oreille et ne pas utiliser des boucles à pinces. Le trou dans le lobe procure une bonne vue et éloigne les maux ophtalmiques. Le marin aura une assez bonne vue pour repérer de loin des écueils, navires ennemis, etc.
L’anneau d’or à l’oreille est aussi un trésor pour le marin, principalement destiné au curé pour payer ses obsèques si le marin venait à mourir loin de son pays.
La boucle d’oreille était le symbole des fiançailles entre le marin et la mer.
Enfin, la boucle d’oreille était souvent portée par le marin seulement lorsqu’il avait réussi à franchir le Cap Horn, ce qui correspondait à un vrai trophée pour lui.
La bougie et sa couleur a sa propre superstition. Selon des croyances anglaises, si une bougie a une flamme bleutée, c’est le présage de mort en mer. On fera en sorte qu’une bougie ne brûle pas jusqu’au bout pour ainsi préserver la vie d’un marin.
Les jeux de cartes portent malheur. Les jeux de cartes sont interdits à bord des navires car ils créent des bagarres, mais aussi intempéries et malchance. Christophe Colomb a dû jeter à la mer son jeu de cartes durant sa quête sur la Route des Indes car la mer était démontée et les vents en rafales. Les éléments se sont calmés à la suite de son geste.
Le jeter de chaussures. En Angleterre, jeter des vieilles chaussures vers un bateau quittant le port est bon présage.
En France, cela empêche le bateau de revenir…
La cigarette et la bougie. Quand on allume une cigarette à la flamme d’une bougie, on provoque au même instant la mort en mer d’un marin inconnu, par noyade ou par accident.
Cette croyance serait liée au fait que l’ancêtre de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) qui était la Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons (créée en 1873) vendait des allumettes, ainsi allumer une cigarette à la bougie revenait à priver de dons la SHSB.
Le couteau un signe protecteur. Tout objet en fer est le bienvenu à bord, et le couteau possède une charge de porte-bonheur. Les anglais plantaient un couteau dans le grand mât.
Le fer à cheval porte-bonheur, surtout s’il est trouvé par un quelconque hasard. Les marins écossais fixaient sur le grand mât un fer à cheval pour apaiser les tempêtes et éviter la guigne.
Le béret des marins de la Marine Nationale porte un pompon rouge que tout le monde peut toucher avec l’index gauche, pour acquérir 24 heures de chance, à condition que le marin se s’en aperçoive pas.
Si le marin se rend compte qu’une fille a réussi à toucher son pompon, il lui réclame un baiser en gage.
Si dans une même journée, on arrive à toucher 3 pompons, cela équivaut à 3 semaines de chance.
Le seau est très utile à bord, et si on le perds, c’est signe de mauvais présage. Les marins anglais ne s’assieds pas sur un seau renversé, ça porte malheur.
Autres superstitions importantes chez les marins:
Le charbon est un matériau très bénéfique et protecteur. Quand vous en trouver un morceau au bord de la mer, il faut le donner à un marin qui le mettra dans sa poche et qui lui évitera la noyade.
Si la femme d’un marin, en attisant le feu, retourne un morceau de charbon, elle retourne également le bateau sur lequel vogue son mari, le conduisant ainsi à la mort.
L’émeraude est une pierre précieuse très bénéfique, c’est la pierre de l’espérance, de la jeunesse et de la vitalité. Cette pierre était utile aux marins, bien que rare, mais elle écartait les tempêtes et dangers.
La boucle d’oreille du marin doit être en or, ce qui a des vertus protectrices que les autres matériaux n’ont pas. L’or guérit la vue et prévient des maladies des yeux.
Le rubis met le marin à l’abri de la noyade.
Le rôle des plantes et des animaux sur le sort des marins:
Il est définitivement interdit dans ce monde de marins superstitieux de monter à bord du navire avec des pingouins, qu’ils soient en peluche ou vivants, car ceux-ci sont un signe clair de mauvais augure.
Le marin montre peu de sympathie envers l’albatros. Il est réputé annoncer le mauvais temps et les tempêtes lorsqu’il se pose sur l’eau.
Il était de bon augure pour les malouins (les gens habitant la ville corsaire de Saint-Malo) de voir un âne avant de prendre la mer, car l’animal était réputé bête, borné, mais courageux.
Accrocher la peau d’un bouc en haut du grand mât d’un bateau lui permettra de faire un voyage sans encombre. La peau du bouc possède des vertus protectrices.
Le chat est très utile sur un bateau puisqu’il est utilisé pour éliminer les rats.
Sa réputation est toutefois ambiguë car on ne le voit pas toujours d’un bon oeil à bord malgré ses bons services.
Un chat noir est fort malvenu, sauf chez les anglais qui pensent au contraire qu’il est bienvenu à bord et préviens des coups de tabac en ondulant sa queue.
Mais il arrive qu’on ne veuille pas de lui à bord, et son nom est interdit d’être prononcé. Toutefois, s’il vient de son propre chef, il est admis, car le jeter hors du navire entraînerai fortes tempêtes et malheurs.
Il n’est pas bon de l’entendre miauler, il vaut mieux qu’il reste silencieux.
En Bretagne, apercevoir un chat avant le départ en mer est un événement susceptible d’annuler le voyage.
En Amérique, le chat possède la réputation d’annoncer les tempêtes quand il se frotte la face, ce qui n’est pas loin d’être une vérité car le chat est très sensible aux changements climatiques.
Le chien n’est pas très favorable aux pêcheurs Bretons ; les Ecossais évitent même de prononcer son nom.
Si un corbeau proche du bord de mer croasse pendant la nuit ou au petit matin, c’est le présage d’une tempête.
Le pêcheur n’aime pas le cormoran, car en voir un signifie que la pêche sera maigre, surtout si une mouette suit. Les cris du cormoran annoncent une prochaine dégradation de la météo.
Le goéland représente l’âme d’un mort. Il abrite l’âme d’un noyé dont on n’a jamais retrouvé le corps. Il ne faut donc pas toucher au goéland pour ne pas léser le pauvre mort.
Le lapin est l’animal le plus détesté des hommes de la mer. Cela paraît étonnant pour une si gentille bête. Mais le lapin adore le chanvre et le grignote. Tout ce qui est cordage sur un navire est fait en chanvre, donc le navire est à la merci du lapin !
Le lapin ronge l’étoupe qui empêche les infiltrations d’eau.
Les marins nomment ce mammifère « la bête aux grandes oreilles » pour ne pas prononcer son nom.
Pour les même raisons que le lapin, le lièvre porte aussi malheur.
La mouette, tout comme le goéland, porte l’âme d’un marin mort en mer.
Beaucoup de pirates et corsaires portaient des perroquets sur leur épaule. Le perroquet est vraiment utile ! Il a le don de la parole, de reproduire la musique et les chansons, il peut prédire les changements météorologiques. S’il se lisse les plumes, c’est signe d’orage ; s’il parle sans cesse ou s’agite pendant la nuit, c’est signe d’un temps incertain. Tuer un perroquet porte malheur.
Les rats sur un navire véhiculent des parasites et maladies, ils dévorent tout, c’est un fléau. En revanche, un bateau privé de rat est dans une mauvaise passe, car les rats l’auront quitté présentant quelque malheur ; un don que seuls ont les rats.
L’algue a des vertus de guérison telles que les brûlures, fièvres, morsures, etc.
L’algue Varech (ou Goémon) rend intelligent et protège de la foudre, voila pourquoi les marins en ornaient les parois de leur bâtiment.
Depuis l’antiquité, l’ail est utilisé pour éloigner la malchance. Il éloigne les tempêtes et les monstres aquatiques. Il donne du courage, de la force et se débarrasse des vermines.
Les fleurs sont utilisées à l’élaboration des couronnes funéraires et sont jetées à la mer lors du décès d’un marin.
Il est souvent déconseillé d’en amener sur un bateau au risque de « provoquer » la disparition du marin lors de son prochain voyage.
Les personnes et les superstitions de marins:
L’avocat n’est pas le bienvenu sur un navire, il peut mener les embrouilles dans l’équipage. Sa longue toge noire pouvait aussi faire penser au curé ou à la femme.
Le pêcheur qui croise un boiteux ou un bigleux préférera éviter de prendre la mer. En revanche, s’il croise un idiot, la pêche risque d’être très fructueuse.
La marraine est la femme qui préside au lancement d’un navire. Le choix de la marraine est soigneusement fait. Elle doit être vigoureuse pour être capable de casser la bouteille d’un seul coup, elle ne doit pas être enceinte ni mariée sinon le bateau pourrait sombrer.
Si quelqu’un meurt sur un bateau, c’est un très mauvais présage. Le défunt pourrait très bien considérer le bateau comme son cercueil et le faire couler.
La raison la plus logique est le risque d’épidémie lors de la décomposition du cadavre. Quand par exception, on ramène un corps à la terre ferme, il est d’usage de le faire débarquer en premier. Une fois l’enterrement terminé, la mer pourrait se mettre en colère qu’on lui ait volé sa proie, donc, afin de l’apaiser, on lui envois une couronne de fleurs au nom du défunt.
Le prêtre est vêtu de noir (couleur néfaste) et porte une soutane (qui est presque une robe que porte une femme) signifiant qu’il est indésirable et interdit sur un bateau.
Les marins évitent de prononcer le mot prêtre et par extension, les mots moine, chapelle, église, curé, presbytère, etc.
Ces mots sont remplacés par le mot «cabestan».
La présence d’une femme à bord porte malheur. Pourquoi ?
Les marins vivaient pendant de longs mois dans une intense frustration physique et sentimentale. Une femme circulant au milieu de l’équipage ne pouvait qu’alimenter passions, jalousies, querelles, mais aussi les tentatives de viol. Sachant les marins très superstitieux, il a fallu simplement laisser se répandre une réputation de porte-malheur concernant la femme pour éviter ces désagréments.
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