L’aboès : Instrument de musique

Aboès ou hautbois ariégeois : origine, fabrication, utilisation

Instrument ancestral du Couserans, l’aboès incarne un pan précieux du patrimoine musical ariégeois. Longtemps tombé dans l’oubli, il renaît grâce à la passion de musiciens et chercheurs locaux. Son timbre puissant, sa facture artisanale et son rôle festif en font un emblème culturel des Pyrénées centrales.

Plongée dans l’histoire, la fabrication et l’usage de ce hautbois traditionnel, témoin d’une mémoire vivante.

Un instrument enraciné dans les Pyrénées

L’aboès, également appelé « hautbois du Couserans » ou « hautbois ariégeois », désigne un instrument à vent traditionnel. Originaire du Couserans, au cœur des Pyrénées centrales autour de Saint-Girons (Ariège), il tire son nom du gascon occitan, dans lequel « aboès » signifie « hautbois ».

Il a longtemps enrichi la musique folklorique locale, où il occupe une place identitaire forte. Sa conception et son usage rappellent d’autres hautbois occitans comme la graïle ou le clarin.

Caractéristiques physiques et sonores de l’aboès

Les cinq modèles historiques retrouvés présentent des traits communs. Fabriqués en buis, ils mesurent entre 47 et 53 centimètres. Ils possèdent trois corps distincts, six trous de jeu, un pavillon évasé et court.

Historiquement, leurs anches consistaient en un roseau épais, souvent carré, large et imposant. Aujourd’hui, les musiciens privilégient l’anche de basson. La sonorité varie selon la dureté de l’anche et l’épaisseur du roseau.

Une tradition ancienne sauvée de l’oubli

Dès le XVIe siècle, l’aboès résonne dans les villages du Couserans. Cette tradition se perpétue jusqu’à la mort de François Souque, alias « Pigalhe », en 1936. Sans successeur, l’instrument tombe alors en désuétude.

En 1971, le groupe « Les Bethmalais » relance l’aboès avec l’aide du facteur d’instruments Charles Alexandre. Ensemble, ils étudient les exemplaires conservés et recréent le premier hautbois du Couserans dès 1972.

Philippe Bourges en devient le premier interprète contemporain. Avec Jean-Marc Bosc, il fonde l’orchestre de hautbois des Bethmalais. Celui-ci brille sur la scène internationale et remporte en 1978 le premier prix du festival de Zakopane, en Pologne.

Dans les années 1980, le Conservatoire occitan de Toulouse propose une réplique fidèle de l’instrument et le commercialise dans la région.

À partir de 2010, Pierre Rouch dirige un projet collectif intitulé Anthologie du hautbois du Couserans : eth noste aboès. L’exposition s’accompagne de publications et d’enregistrements musicaux visant à valoriser l’instrument sous toutes ses facettes.

L’aboès dans la vie culturelle locale

Avant 1950, l’aboès accompagne les fêtes, carnavals et mariages. Il s’y fait entendre en solo, porté par un musicien qui anime parfois trois jours de festivités.

Il guide également le cortège nuptial jusqu’à l’église, puis anime la soirée. Au XXe siècle, les groupes folkloriques le réintègrent peu à peu dans leurs ensembles.

Aujourd’hui encore, on l’entend à Saint-Girons lors du festival des cultures ou à Castillon-en-Couserans, lors de la fête du fromage et du miel.

Fonctionnement et structure acoustique

L’aboès comprend plusieurs éléments clés :

une anche double vibrant à l’émission de l’air ;

des bagues en corne de vache, à la fois esthétiques et renforçantes ;

des trous d’accord, placés sous les trous de jeu, permettant d’ajuster les notes graves.

Le musicien place l’anche entre ses lèvres, souffle dans l’instrument et utilise les trous pour créer des mélodies.

Entretien rigoureux pour garantir sa longévité

Manipulation avec précaution

Chaque manipulation exige de la prudence. Les chocs risquent d’endommager le bois ou de fissurer l’anche.

Avant chaque usage, le musicien doit se laver les mains et se rincer la bouche pour éviter d’introduire des particules dans l’instrument.

Nettoyage méthodique

Après chaque séance, l’instrument doit être démonté et séché avec soin. Un écouvillon nettoie l’intérieur, un chiffon s’applique sur l’extérieur. L’anche requiert une attention particulière et doit être stockée dans un étui spécifique.

Maîtrise de l’humidité ambiante

L’aboès, sensible à l’humidité, nécessite une vigilance constante. Les variations climatiques risquent de déformer le bois ou de faire gonfler l’anche.

Le stockage doit éviter les zones mal chauffées, les expositions au soleil ou la proximité de sources de chaleur. Un humidificateur, placé dans l’étui, aide à maintenir un équilibre hygrométrique stable.

Diagnostic par un professionnel

En cas de changement sonore, de résistance dans le mécanisme ou de bruits inhabituels, le musicien doit consulter un spécialiste. Une intervention rapide permet d’éviter des dommages irréversibles.

Apprendre à jouer de l’aboès

L’apprentissage de l’aboès nécessite une approche spécifique. Il convient de s’orienter vers les écoles de musique régionales, notamment celles du Couserans.

Rencontrer un musicien expérimenté, participer aux carnavals ou festivals locaux offre une occasion précieuse d’initiation. Ces événements facilitent les échanges et suscitent des vocations.

Où acquérir un aboès ?

L’achat de cet instrument reste accessible. La plateforme France-minéraux.fr propose des modèles respectant les exigences techniques des musiciens traditionnels.

Ce canal de distribution permet de faire revivre un patrimoine sonore unique, tout en soutenant les artisans et facteurs d’instruments régionaux.

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